Un article du journal l’Opinion
Michel KAFANDO a donc travaillé à accompagner Chériff SY du CNT dans sa volonté d’exclure l’ex-Majorité des compétitions électorales pour ouvrir un boulevard au MPP, (inutile de le cacher) vers des victoires certaines. Pourquoi n’a-t-il rien entrepris pour que le pays soit « civilisé » comme il l’a proclamé ? On peut le dire, sans offusquer personne, il a tout simplement assuré le service après vente de la loi d’exclusion du CNT et est en dernier ressort le principal responsable du non-respect de la décision de la Cour de la CEDEAO. Il faut le savoir et ce n’est pas rien de le souligner, cela va certainement entraîner des sanctions contre notre pays qui apparaît à tous points de vue comme un Etat voyou.
Ce n’est pas non plus un fait du hasard, ou une simple anecdote que le Conseil Constitutionnel ait clairement indiqué dans son analyse que « considérant que l’Etat du Burkina Faso n’a pas mis en œuvre la décision du 13 juillet 2015 de la Cour de justice de la CEDEAO ; … l’article 166 du Code électoral… reste en vigueur ». Ce considérant accuse directement le président Michel KAFANDO et tout au plus Chériff SY. On peut néanmoins douter de la pertinence d’un tel argument puisqu’il nous semble que la juridiction supérieure de notre pays ne peut pas se contenter de ne s’appuyer que sur les textes nationaux, alors que même les juridictions inférieures sont tenues de prendre en compte les traités internationaux.
Ainsi donc, en dépit de tout ce qui s’est dit et de toutes les incantations sur l’inclusion, des élections dont les résultats ne seront pas contestés et de la décision de la CEDEAO, ils ont décidé d’exclure l’ex-Majorité et ses alliés des scrutins du 11 octobre au motif d’avoir soutenu la modification de l’article 37. Si la nouvelle a fait l’effet d’une bombe et suscité une réaction toute à sa hauteur, elle est loin d’avoir surpris tant nombreux étaient les signes avant-coureurs qui l’annonçaient. Au nombre de ceux-ci les actions de Michel KAFANDO, président de la Transition, dont les talents de manœuvrier ne sont plus à mettre en doute et qui aura tout fait de bout en bout pour servir la cause des tenants de l’exclusion et assuré au mieux le Service Après Vente (SAV) de leur loi liberticide.
Les faits attestent que derrière l’homme affable et l’image d’homme d’Etat qui a blanchi sous le harnais, se cache en réalité un fin manœuvrier sans état d’âme pour ne pas dire d’un cynisme consommé. Déjà à l’adoption de la loi, dite Cheriff d’exclusion, Michel KAFANDO se mettait en vedette, recevant l’ex-Majorité et lui assurant la main sur le cœur, qu’elle n’avait pas de soucis à se faire, parce que lui, Michel KAFANDO, ne promulguerait jamais la loi soumise au CNT si d’aventure celui-ci décidait d’y inclure des clauses d’exclusion. Ces propos avaient rassuré ses interlocuteurs qui s’empressèrent alors de faire lever les actions qu’ils avaient prévues pour empêcher ou en tout cas perturber la séance d’adoption de la loi le 7 avril 2015. La suite on la connaît ; le projet de loi a connu d’importantes modifications incluant l’exclusion ; la loi a été votée sans coup férir ; Michel KAFANDO s’est empressé de la promulguer sans même demander les avis du Conseil constitutionnel. Acte I.
Acte II. Après le verdict de la Cour de justice de la CEDEAO qui a condamné l’Etat à « lever tous les obstacles à une participation aux élections consécutifs à cette modification », le président Michel KAFANDO, comme pour battre sa coulpe et reconnaître sa part de responsabilité dans ce désaveu de la communauté internationale, a pris à témoin la Nation toute entière annonçant que « le Burkina Faso, en tant que nation civilisée et respectueuse de l’autorité de la chose jugée et de ses engagements internationaux et dans le souci d’apaisement social, se conformera au verdict de la Cour… » Naturellement, tous les démocrates ont applaudi à tout rompre. La Nation a respiré un grand coup malgré les appels et les menaces des OSC instrumentalisées pour servir les causes de politiciens adeptes de la courte échelle qui veulent gagner les prochaines élections « au quart de tour » c’est-à-dire sans adversaires sérieux. D’aucuns se disaient que KAFANDO saisissait ainsi l’occasion de se rattraper et que tout compte fait il tenait sa promesse de ne pas avaliser les exclusions voulues par certains acteurs. Là encore, on l’a cru sur parole et du coup on a mis un terme à toute la campagne prévue pour infléchir le pouvoir. Mais voilà, entre la parole et les actes il y aura plus qu’un fossé puisqu’il ne fera strictement rien pour que l’autorité de la chose jugée soit respectée et que le pays respecte ses engagements en se conformant aux décisions de la Cour de justice de la CEDEAO. Comme nous le disions dans notre édition dernière, il n’a pris aucune mesure concrète pour que cette décision soit appliquée ou mise en œuvre. Une inaction qui vaut refus de s’y soumettre comme le dira d’ailleurs le Conseil constitutionnel. Michel KAFANDO a donc travaillé à accompagner Chériff SY du CNT dans sa volonté d’exclure l’ex-Majorité des compétitions électorales pour ouvrir un boulevard au MPP, (inutile de le cacher) vers des victoires certaines. Pourquoi n’a-t-il rien entrepris pour que le pays soit « civilisé » comme il l’a proclamé ? On peut le dire, sans offusquer personne, il a tout simplement assuré le service après vente de la loi d’exclusion du CNT et est en dernier ressort le principal responsable du non-respect de la décision de la Cour de la CEDEAO. Il faut le savoir et ce n’est pas rien de le souligner, cela va certainement entraîner des sanctions contre notre pays qui apparaît à tous points de vue comme un Etat voyou. Vu la situation économique déjà précaire du pays il est à craindre que toute sanction ne conduise à la banqueroute. Et puis comment vont réagir les autres partenaires au développement dont certains ont exigé des élections inclusives comme condition à la poursuite de leur partenariat ?
Ce n’est pas non plus un fait du hasard, ou une simple anecdote que le Conseil Constitutionnel ait clairement indiqué dans son analyse que « considérant que l’Etat du Burkina Faso n’a pas mis en œuvre la décision du 13 juillet 2015 de la Cour de justice de la CEDEAO ; … l’article 166 du Code électoral… reste en vigueur ». Ce considérant accuse directement le président Michel KAFANDO et tout au plus Chériff SY. On peut néanmoins douter de la pertinence d’un tel argument puisqu’il nous semble que la juridiction supérieure de notre pays ne peut pas se contenter de ne s’appuyer que sur les textes nationaux, alors que même les juridictions inférieures sont tenues de prendre en compte les traités internationaux. L’excuse donc est trop facile pour être honnête et indique la mauvaise foi patente des membres du Conseil constitutionnel et de tous les acteurs du drame qui se joue contre la démocratie dans notre pays.
En effet, en décidant de sanctionner des députés pour leurs opinions (même pas leurs votes puisqu’il n’y a pas eu vote), le Conseil constitutionnel viole le sacro-saint principe de l’immunité parlementaire qui garanti qu’aucun député ne puisse être poursuivi ou condamné pour ses opinions dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions ; en décidant de faire de même contre des citoyens au motif de leur appartenance à des associations en violation de la liberté d’association reconnue par notre Constitution, Kassoum KAMBOU et ses amis assassinent purement et simplement la démocratie…
Par Cheick AHMED
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