TRANSITION POLITIQUE AU BURKINA, OU LE RÈGNE PAR LA SOURNOISERIE!

Par Mahamoudou Soulama

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C’est malheureusement le cas de le penser et l’affirmer, en voyant ce qu’il se passe jusqu’à présent sous cette transition. Car tous les maux d’hier décriés du régime déchu, comme par amnésie, on a pris un malin plaisir à les reproduire et avec une telle adresse, qu’on est en passe de surpasser ses prédécesseurs!

Le plus déroutant dans tout ça, c’est la profession de foi liminaire proclamée et distillée à très forte profusion, du « PLUS JAMAIS, RIEN NE SERA PLUS COMME AVANT! »

Naïvement, c’est le cas de le dire, on y a cru! On y a tellement cru, parce que le slogan traduisait vraiment l’état d’âme du moment, après le savant conditionnement mental ayant réussi à faire endosser au régime déchu, la responsabilité, même du moindre désagrément de la vie courante!

Mais voilà que l’exercice réel du pouvoir conquis révèle que les bons diseurs (critiques) sont très loin d’être les bons faiseurs (dirigeants)!

En effet, que n’a – t – on pas entendu au sujet des pratiques du défunt régime pour museler l’opposition traditionnelle? Tout nous a été servi, et à juste titre, je le concède, à ce propos!

Donc, naturellement, on s’attendait à un meilleur traitement de cette opposition, de la part de ces ex-opposants, désormais au faîte du pouvoir.

Normalement, c’est ce que doit! Normalement seulement, parce que la vengeance personnelle, hélas, a pris le dessus sur la clairvoyance, empêchant d’opérer le recul suffisant dans la gestion du pouvoir d’Etat. Ce, en dépit de tous les artifices empruntés pour agir de façon édulcorée!

Au titre de ces ornements destinés à endormir les consciences, il y a le fameux principe « d’inclusion ».

Oui, au nom de « l’inclusion », les vaincus ont été conviés à prendre part activement à la transition; d’où leur présence dans ses différentes instances!

Présence de principe, parce que concrètement, la réalité est toute autre, les avis que ceux-ci émettant étant tout simplement ignorés royalement!

Pire, tout est fait pour étouffer leur retour aux affaires!

Suspension, puis levée de suspension de leurs activités; poursuites judiciaires ciblées; puis, en apothéose, prise de mesures iniques de mise à l’écart pour les élections à venir, à travers la promulgation récente de la loi modificative de notre code électoral!

Malgré tout cela, l’on découvre, après le succès retentissant de la tenue du 6e congrès ordinaire du CDP, du 9 au 10 mai dernier, l’inutilité des manoeuvres de déstabilisation entreprises, parce qu’ayant échoué à entamer la vitalité des partis politiques de l’ex-majorité!

On découvre avec stupeur, qu’il va falloir inévitablement composer avec eux lors des prochaines élections, leurs bases électorales respectives étant restées presque, intactes!

Qu’à cela ne tienne, avant d’en arriver à cette extrémité, il faut poursuivre les coups bas, pour les diaboliser, ce qui permettra très certainement de les mettre définitivement sur le banc de touche!

Alors, vous aurez remarqué que, comme par hasard, c’est au lendemain du récent congrès ordinaire du CDP, clôturé de façon éclatante, que circule la rumeur infâme sur « le recrutement par des proches du président déchu Blaise COMPAORE, d’ex-combattants de l’ancienne rébellion ivoirienne » (sic!).

Ensuite, comme pour renforcer cette piste du complot, l’on n’a trouvé mieux que de s’en prendre à une entreprise dite proche de l’ex – régime, donc pourvoyeuse de ses finances, qui s’est vue attribuée au dernier conseil des ministres, un marché de construction de routes.

L’on s’irrite, jusqu’à la suffocation, que l’entreprise aie bénéficié de ce marcher public, ses propriétaires n’étant pas en odeur de sainteté avec les « transitaires »!

Ah oui? Rien que ça? Et puis quoi d’autre? Mdr.😂. Sérieux!

A – t – on perdu de vue le népotisme qui a cours depuis sous cette transition?

Huuuummm, sacrés « transitaires », en mal de la « complotite »! Mdr.😂 ‪#‎allons‬ ‪#‎seulement‬!

LES TRANSITAIRES GALVAUDENT LE MOT PEUPLE

Le mot peuple dans tous les systèmes politiques concentrationnaires est dans toutes les sauces. Nos transitoires ne peuvent que s’en donner à cœur, eux qui confondent, peuple et rue, autorité de l’Etat et désordre, justice et chasse aux sorcières, scrutin démocratique et scrutin discrétionnaire MPP.

Sinon, le peuple est d’une vitalité pour tous les peuples du monde depuis les différentes révolutions, américaine et la française de 1789. La Révolution de 1848 est dite celle du peuple et les Burkinabè, peuple discipliné et patient, se sont épris aussi d’un évènement proclamé Révolution Démocratique et Populaire d’Août 1983.  Les insurgés payés et les autres, toujours désargentés, tentent de se rattacher à cet évènement comme à une légitimité. Alors, ils entonnent partout, la volonté du peuple, la loi du peuple, les exclusions voulues par le peuple que même quelques activistes comme le désinvolte inquisiteur national, Ibriga, professeur d’obscurités constitutionnelles, amoureux de Lénine, entonne. Le plus insupportable pour les républicains et les démocrates, c’est que le représentant de l’Oncle Sam au Faso, a mordu à l’hameçon des arnarcho-démocrates.

Dans une République, le peuple est le détenteur exclusif du pouvoir. Mais quand parle-t-on de peuple, puisque de lui seul découle la légitimité en raison du fait qu’il est le seul souverain. Les Révolutions au 18 ème ont érigé les vaillants peuples du monde en Souverains, là où les monarchies de droit divin, l’incarnaient. Mais la République, c’est d’abord, les valeurs de la démocratie, la souveraineté du peuple, l’égalité des citoyens et la liberté pour tous. C’est au nom de ces valeurs que Cicéron s’opposait à Jules César. Aussi depuis la conquête du suffrage universel, seul le vote libre, égal et secret permet de mesurer la volonté générale, majoritaire. Ce vote doit intervenir dans un processus électoral inclusif (ce n’est point le scrutin censitaire jadis en France ou discrétionnaire MPP en cours au Faso), transparent, équitable et crédible. C’est au bout d’un tel processus, que le juge constitutionnel peut valider ceci ou invalider cela parce que telle manœuvre frauduleuse aura été constatée, consignée par les observateurs, les partis politiques et par voie d’huissier commis par le plaignant.

Depuis quand a-t-on organisé un vote universel, transparent et équitable au Faso ? La dernière le fut pour l’élection du Président Blaise Compaoré, de l’ancienne législature et les municipales. Il est donc clair lorsqu’on est républicain, démocrate et de bonne foi, que la volonté majoritaire exprimée et sortie dans les urnes en 2010, violentée et renversée par les putschistes et poujadistes d’Octobre, est l’unique prise de poids de chaque coalition politique jusqu’à preuve du contraire. Personne ne peut aujourd’hui au Faso, se prévaloir de la volonté populaire. La République est morte, saccagée. Il n’y a pas de Président du Faso. Il n’y a qu’un Président de la Transition Révolutionnaire, imposé par les officines du doyen Ed. Ouédraogo et des comités chrétiens de base. La minorité révolutionnaire, dévorée et transie de vengeance, violente et révolutionnaire attardée, qui a pris le pouvoir par la force par l’organisation du désordre, est une minorité liberticide. D’ailleurs, elle viole la Constitution de 1991 pour mieux confisquer le pouvoir d’Etat en assumant sa vindicte abjecte.

La légalité républicaine est tout autre chose, chers compatriotes. La légalité républicaine est différente de l’arbitraire révolutionnaire. L’une est le produit du suffrage universel honnête et sincère tandis que l’autre est l’advenu d’une violente inouïe. Tôt ou tard, le Burkina Faso devra, pour renouer avec son passé de vaillance et de discipline, vaincre la peur des violents et Rétablir la légalité républicaine.

Bénéwendé Mahamoudou Kaboré

Bobo Dioulasso