LES BRULEURS DE L’ASSEMBLEE NATIONALE ET LEURS COMMANDITAIRES

RSSwBwHlg0Simages (1)DIABREBurkina2

 

Qu’est que le patriote et républicain burkinabè peut ressentir relativement à cet incendie du Temple de la démocratie au-delà des lignes politiques partisanes ? Il y a d’abord, le fait qu’il est décontenancé, ébahi et effaré par le geste inqualifiable des pyromanes et leurs suppôts commanditaires du MPP. Un effarement face à une violence inouïe, injustifiée puisque le projet de loi disputé, était assurément, un compromis raisonnable et donc acceptable pour tous. Et que de ce fait, le respect des normes démocratiques était le tamis républicain nécessaire pour examiner cette loi. Or, dans une République, seule la représentation nationale est le lieu imprenable de la souveraineté populaire. Cette loi avait donc sa place sur la table du bureau de l’Assemblée Nationale. La démocratie, c’est le régime des conflits d’intérêt, des oppositions politiques, idéologiques et sociales. Nul n’est besoin de la voir comme l’anti-thèse du consensus qui rythme la vie de nos sociétés politiques traditionnelles africaines. Inviter ses frères, partisans comme opposants, à juger de la forme comme du contenu de la loi, à l’aune de l’intérêt général, c’est assurément, souscrire à la règle républicaine générale si tant est que ce processus d’interpellation pour l’émission des opinions diverses, est libre, équitable, ouvert et transparent. C’est attester de notre attachement viscéral à la légalité républicaine que le fait d’appeler les députés à voter. En cela, il n’y a point de viol de la légalité républicaine, même si, le juge constitutionnel peut retoquer cette loi s’il le juge contraire à l’esprit et à la lettre de la loi fondamentale. Ainsi fonctionnent les sociétés démocratiques ouvertes dans leur volonté générale de juguler, d’arbitrer, pacifiquement, leurs contradictions.

C’est tout le contraire que de se murer dans la vindicte, de préparer les citoyens à se soulever, pire, de les inciter à saccager les institutions de la république. Alors, pourquoi, ruiner la République, par la violence injustifiable, celle de la rue, si ce n’est pour faire prospérer le Coup d’Etat, comme moyen rapide de prendre le pouvoir d’Etat ? Certes, les opposants avaient le droit de transformer une question démocratique en un problème. Ce faisant, le choix démocratique, est celui de la légalité républicaine. Le Président Blaise Compaoré, garant de la Constitution de 1991,  y était tenu par sa qualité. Il honora cette charge avec responsabilité et sagesse afin que les forces démocratiques (ici les partis politiques) se mesurent entre elles, pacifiquement, pour trancher le contentieux politique. Les brûleurs et autres commanditaires vindicatifs ont jugé que leur heure macabre avait sonné. Par le feu, ils ébranlèrent la légalité républicaine au Burkina Faso pour ouvrir un cycle de turpitudes. Ceux-là, de même que leurs commanditaires du MPP, n’ont jamais compris que, dans la République, toujours et inlassablement, le sens régule la puissance de la force aveugle. Ce sens, il est déterminé par la légalité républicaine que restaure la justice comme la meilleure des institutions sociales du Faso. John Rawls, le politologue américain, qualifiait de vertueuse dans la Théorie de la Justice, son ouvrage phare, la justice tandis que la vérité était le criterium essentiel des systèmes de pensée.

Au Faso, le patriote et républicain burkinabè est un instituteur de la République. C’est le démocrate, l’amoureux de la sagesse, du vivre ensemble, le promoteur du règne de la loi, dure, fut-elle. Le rétablissement de cette légalité républicaine après cette rupture violente est un retournement, une nécessité qui rattrapera les citoyens burkinabè, tôt ou tard. Je souhaite que ce retournement de la nécessité républicaine, intervienne dans la voie de la conscience critique et de la confiance renouvelée entre les Burkinabè.

Boniface Tansoba Kaboré

Dédougou

LES TROIS …EUH!… MOUSQUETAIRES

RSS

 

Il était une fois, dans un pays aride et pauvre, trois mousquetaires au destin singulier qui décidèrent d’aller ensemble à la chasse au pouvoir. Ce sont le débonnaire, l’activiste exhibitionniste et le bagareur professionnel. Ces trois mousquetaires aux desseins, valeurs et caractères si dissemblables, se sont mis en tête de s’associer pour conquérir le pouvoir, dans le pays des hommes intègres qu’ils rêvent de transformer en pays des hommes égoistes.

Le premier mousquetaire est né de riche famille. Son enfance fut épargnée de la disette et des privations. On dit de lui qu’il est né avec une cuillère d’or dans la bouche. Débonnaire, affable, insouciant, bon vivant, aimant la bonne chaire, il ne sait sortir de griffe que lorsque son appetit vorace lui prend. En temps ordinaire, il est d’une nature agréable et n’aime pas trop chercher noise ou se décarcasser. Quand il daigne aller à la chasse au pouvoir, ce sont les autres qui l’y poussent en le pensant plus apte à saisir les bonnes proies. Plutôt que de le laisser attendre tranquillement qu’on lui donne les bons postes comme il en a l’habitude, les autres l’incitent à s’en procurer dans le secret espoir de le rouler ensuite et le déposséder.

Le deuxième est de sombre origine familiale, vivant de colère dès le bas âge, ses voisins de chambre se souviennent de ses multiples fureurs. D’humeur massacrante, toujours va-t-en guerre, au verbe haineux et violent, il est à lui tout seul une guerre civile ambulante. Il ne sort de sa bouche qu’injures, parjures et jurons. Il est la haine personnifiée. Il déteste tout le monde, sauf lui-même et peut-être ceux qui servent ses intérêts et son égo surdimensionné. Friand de combines et de gains faciles, il est toujours à l’affût pour piéger même les mouettes.

Toujours deuxième alors qu’il aspire aux premiers rôles, il s’accoquine toujours avec plus fort que lui pour mieux le détruire. Il maîtrise l’art de se servir des autres pour atteindre ses fins, sans jamais en donner l’air. Il est d’une rancune tenace et sa vengeance est un plat qui se mange à froid. Il ruse en permanence pour abattre ses proies. Pour faire équipe avec lui, il ne faut jamais lui tourner le dos. Chez lui, la cible n’est jamais dans la direction qu’il vise. L’homme a mille tours dans son sac pour surprendre l’ennemi. Sa trop grande assurance a toujours causé sa perte, mais, il ne s’avoue jamais vaincu.

Il préfère avancer masqué car son image n’est pas vendable pour un sous. Connu pour être l’homme des basses besognes, il s’est fait beaucoup d’ennemis morts et vivants. Jamais reconnaissant, l’homme aime particulièrement se délecter des humiliations des autres. Humilier autrui en public le fait jouir et lui donne une sensation de puissance. Il s’acharne toujours sur plus faible que lui. Il se jette avec la dernière énergie à la quête du pouvoir en feignant y mettre les autres. Normal, il n’est pas “un yes man”. Quitte à éliminer ses deux comparses après, il tentera le tout pour le tout.

Le troisième mousquetaire est comme un fou du roi. Il a le verbe haut en couleur pour amuser les foules. Nul n’a le secret de ses pittreries et de ses formules drôles et souvent vulgaires. Il se mêle toujours de ce qui ne le regarde pas. Il en vient souvent à devenir ridicule en forçant pour faire sensation. Populiste, il l’est dès le berceau car la foule des fidèles du temple lui servait d’auditoire acquis. Son art à lui, c’est endormir les consciences par les blagues qui annhilent la pensée lucide. Point n’est besoin de chercher le sens profond de ses propos creux. Rompu à l’art de la parole, il en use et abuse surtout quand il s’agit de jouer à la victime pour se faire prendre en pitié.

De nature versatile comme un caméléon ou un homme de théâtre, il tient avec ferveur son rôle, jouant à la fois le bandit, le maltraité, le parolier, l’amuseur public, le mal-causeur ou l’activiste de service. Il en est heureux. Cela lui redonne une deuxième jeunesse. Il n’y a pas très longtemps, il faisait le tour du monde pour annoncer son retrait de la vie publique. Il revient en grande pompe pour son dernier tour d’honneur. Il compte bien livrer sa dernière bataille, avant que les rideaux ne se ferment définitivement. Alors, oubliant ses handicaps multiples, il gesticule, sautille, s’égosille, s’admire. Il est très fier de se retrouver au coeur de l’action, au milieu d’une foule qui l’applaudit.

Tous trois, on les appelait les apparatchiks, les caciques du parti, les gourous, les leaders, les hommes forts, les pilliers du régime, les premiers responsables du parti, les mogho puissants, les ténors et que sais-je encore? Ils ont eu le pouvoir, les honneurs et les faveurs diverses. Puis un jour, tout cela s’est arrêté, les laissant sur leur faim. Ne sachant plus comment vivre en citoyens lambda ou en simples conseillers/camarades, ils claquèrent la porte du parti. Ils décidèrent de s’associer pour conquérir le pouvoir, les honneurs et les faveurs perdus. Ils ne s’épargnent aucune peine, ni déshonneur pour être à la hauteur du défi.

Mais, c’est une chose que de vouloir conquérir à tout prix le pouvoir. Le gérer ensemble, est une autre paire de manche. Ils n’en sont pas à leur première expérience, eux qui firent les gourous et les caciques du parti-état. Si aujourd’hui ils ont  fait équipe à trois pour vaincre l’ennemi commun qu’est l’enfant terrible sur le perchoir, nul n’est dupe pour ignorer les desseins du revanchard. En habitué du fait, il dissimule son poignard dans le dos, prets à régler les vieux comptes non soldés d’une autre époque. L’activiste exhibitionniste n’en a cure, lui ce qui l’intéresse c’est le bain de foule. C’est le débonnaire que tout le monde plaint, ce demandant ce qu’il est allé chercher dans cette galère. Mais ne dit-on pas que le coeur a ses raisons personnelles que la raison elle-même ignore? N’allons pas donc vite en besogne pour dire qu’il a été séduit par le bagareur professionnel. Attendons donc de voir.

Qui connait bien ces trois comparses, sait que leur cohabitation forcée au sein de parti touk-gili n’a pas été une mince affaire. Il a fallu le rôle pivot de leur mentor pour faire taire les guerres larvées et ouvertes. C’est lui qui séparait les bagares et géraient les conflits d’égos. Abandonnés à eux seuls, ces trois personnages aux caractères dissemblables ne sauront passer une journée entière sans s’étriper. Personne n’oserait parier sur le succès de leur collaboration. C’est pourquoi leur aventure requiert toute l’attention. Ce n’est pas qu’une fable mais une bien triste réalité. Leur volonté de conquête peut conduire à une grave instabilité politique, qui peut détruire le pauvre pays déjà frappé par l’aridité

LES TRANSITAIRES GALVAUDENT LE MOT PEUPLE

Le mot peuple dans tous les systèmes politiques concentrationnaires est dans toutes les sauces. Nos transitoires ne peuvent que s’en donner à cœur, eux qui confondent, peuple et rue, autorité de l’Etat et désordre, justice et chasse aux sorcières, scrutin démocratique et scrutin discrétionnaire MPP.

Sinon, le peuple est d’une vitalité pour tous les peuples du monde depuis les différentes révolutions, américaine et la française de 1789. La Révolution de 1848 est dite celle du peuple et les Burkinabè, peuple discipliné et patient, se sont épris aussi d’un évènement proclamé Révolution Démocratique et Populaire d’Août 1983.  Les insurgés payés et les autres, toujours désargentés, tentent de se rattacher à cet évènement comme à une légitimité. Alors, ils entonnent partout, la volonté du peuple, la loi du peuple, les exclusions voulues par le peuple que même quelques activistes comme le désinvolte inquisiteur national, Ibriga, professeur d’obscurités constitutionnelles, amoureux de Lénine, entonne. Le plus insupportable pour les républicains et les démocrates, c’est que le représentant de l’Oncle Sam au Faso, a mordu à l’hameçon des arnarcho-démocrates.

Dans une République, le peuple est le détenteur exclusif du pouvoir. Mais quand parle-t-on de peuple, puisque de lui seul découle la légitimité en raison du fait qu’il est le seul souverain. Les Révolutions au 18 ème ont érigé les vaillants peuples du monde en Souverains, là où les monarchies de droit divin, l’incarnaient. Mais la République, c’est d’abord, les valeurs de la démocratie, la souveraineté du peuple, l’égalité des citoyens et la liberté pour tous. C’est au nom de ces valeurs que Cicéron s’opposait à Jules César. Aussi depuis la conquête du suffrage universel, seul le vote libre, égal et secret permet de mesurer la volonté générale, majoritaire. Ce vote doit intervenir dans un processus électoral inclusif (ce n’est point le scrutin censitaire jadis en France ou discrétionnaire MPP en cours au Faso), transparent, équitable et crédible. C’est au bout d’un tel processus, que le juge constitutionnel peut valider ceci ou invalider cela parce que telle manœuvre frauduleuse aura été constatée, consignée par les observateurs, les partis politiques et par voie d’huissier commis par le plaignant.

Depuis quand a-t-on organisé un vote universel, transparent et équitable au Faso ? La dernière le fut pour l’élection du Président Blaise Compaoré, de l’ancienne législature et les municipales. Il est donc clair lorsqu’on est républicain, démocrate et de bonne foi, que la volonté majoritaire exprimée et sortie dans les urnes en 2010, violentée et renversée par les putschistes et poujadistes d’Octobre, est l’unique prise de poids de chaque coalition politique jusqu’à preuve du contraire. Personne ne peut aujourd’hui au Faso, se prévaloir de la volonté populaire. La République est morte, saccagée. Il n’y a pas de Président du Faso. Il n’y a qu’un Président de la Transition Révolutionnaire, imposé par les officines du doyen Ed. Ouédraogo et des comités chrétiens de base. La minorité révolutionnaire, dévorée et transie de vengeance, violente et révolutionnaire attardée, qui a pris le pouvoir par la force par l’organisation du désordre, est une minorité liberticide. D’ailleurs, elle viole la Constitution de 1991 pour mieux confisquer le pouvoir d’Etat en assumant sa vindicte abjecte.

La légalité républicaine est tout autre chose, chers compatriotes. La légalité républicaine est différente de l’arbitraire révolutionnaire. L’une est le produit du suffrage universel honnête et sincère tandis que l’autre est l’advenu d’une violente inouïe. Tôt ou tard, le Burkina Faso devra, pour renouer avec son passé de vaillance et de discipline, vaincre la peur des violents et Rétablir la légalité républicaine.

Bénéwendé Mahamoudou Kaboré

Bobo Dioulasso