POUR QUI SONNE LE GLAS?

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Assurément pas pour l’institution militaire. Elle a su accompagner la Transition. Des temps où les pillages effroyables étaient légions au calme olympien qu’elle affiche depuis jeudi jour durant lequel elle a donné sa position ferme et unanime sur l’exigence du retrait des personnels militaires dans le Gouvernement de la Transition. Sans aucun doute, l’Armée burkinabè a donné d’elle-même une image d’institution honorable de la République, dirigée par des hommes et des femmes sculptés de patriotisme, de pragmatisme et de sens élevé du devoir et de l’Etat. Honneur à ses généraux, officiers supérieurs et hommes du rang qui, comme un seul homme ont donné leur attente à leur hiérarchie tenue par le Président de la Transition, Monsieur Michel Kafando. Il est le premier soldat en sa qualité de Commandant en chef. Il doit décider dans l’indécision. Au quart de tour. Contextualiser son opinion et motiver sa décision en faveur de la cohésion au sein des compartiments de l’Armée, de la cohésion nationale et de l’efficacité gouvernementale.

L’Armée l’a respecté comme son Unique et Seul Commandant en Chef. Elle n’a point désobéi jusque-là. Il revient au Président Kafando de se transcender pour ne pas se contenter de réprimander seulement le Colonel Zida, cet élément détaché et en mission gouvernementale, détachement accepté par le Haut Commandement et qui lui reconnait de ce fait, en retour, comme autorité légale pour commander. La même institution républicaine, dévouée à la patrie et respectueuse de l’autorité du Commandent en Chef, celle de Monsieur Kafando, lui réaffirme sa loyauté tout en lui rappelant que les personnels militaires dont le Colonel Zida, ne sont plus en mission pour l’Etat et ses institutions mais pour leurs intérêts propres. De ce fait, les officiers de toutes les armes, tous grades confondus, demandent au Commandant en Chef, Monsieur Kafando de les sortir du gouvernement.

Combien de temps, Monsieur le Commandant en Chef prend-il pour une demande aussi simple et clairement exprimée ? Les temps humains ne sont point éternels. Comme Président de la Transition, Monsieur Kafando doit pouvoir décider, trancher le noeud gordien, dans le vif comme tout bon Commandant en Chef. Les consultations prennent une éternité alors même que les problèmes des populations urgent. Jusqu’à quand, va-t-on jouer les valses hésitations, les conjectures et les pusillanimités ?

Il est hors de question que l’autorité se débine pour laisser la chienlit des OSC s’installer. A fortiori, leur diktat. Ou croit-on que désormais la politique de défense et de sécurité de l’institution militaire est l’affaire des OSC, politisées, clientélistes et corrompues par ces officiers qui travaillent désormais pour leurs intérêts personnels ? Le Burkina Faso n’est pas encore un Etat voyou pendant que l’activiste Hervé Kam a été proprement mis en minorité dans ses élucubrations sur l’impossibilité due à la Charte, pour le Président Kafando de remercier les personnels quels qu’ils soient du Gouvernement du Faso. C’est le comble de l’anarchie que le verbeux promeut. Hervé Kam peut perdre son âme pour les feuilles. Le Président Kafando ne doit point perdre le bon sens et la capacité d’évaluation adaptée au contexte volatile. C’est aussi ça avoir l’étoffe d’un Chef. Décider dans l’indécision. Dans un sens comme dans l’autre. Mais jamais, l’attente qui surchauffe les nerfs et accentue le stress national, ne doit perdurer. Tranchez ! Tranchez !

Si d’aventure le Président faillit sous prétexte que c’est sur la foi d’un consensus que le Gouvernement de la Transition comprenant les personnels militaires, a été formé, alors, le consensus des autorités militaires bat en brèche celui construit par les insurgés d’octobre. Une institution comme l’Armée, dont la première force est la discipline en son sein, lorsqu’elle parvient à un consensus, celui-là est univoque et définitif alors même que les politiciens insurgés ne parlent de consensus que d’un compromis provisoire en attendant le reniement des parties prenantes. Le consensus des politiciens est un rapport de force fluctuant. Le consensus des autorités militaires est une unanimité infiniment supérieure et absolument digne de créance.

Tergiverser ou ne pas savoir en tenir compte est un péril. Le Président de la Transition, doit jouir de ses prérogatives présidentielles et de Commandant en Chef, pragmatique et responsable. Ou est-il prêt à laisser courir ce péril sur la Transition ? Assumera-t-il les conséquences évènementielles de ce péril ?

Que Dieu l’assiste !

Tiendrebeogo Julien,

Ouagadougou.

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